La Dépression

Comprendre ma maladie

La dépression est une maladie psychique fréquente qui affecte entre 5 et 12 % des hommes et entre 10 et 25 % des femmes au cours de leur vie. Elle se caractérise par un ensemble de signes ou symptômes très variables d’une personne à l’autre et d’un épisode à l’autre. Mais en règle générale, il est accepté par la communauté médicale que l’état dépressif majeur (autre nom pour la dépression) se caractérise par une humeur négative et/ou une perte manifeste d’intérêt, voire de plaisir qui sera accompagnée de quatre autres symptômes au moins (DSMV).

Les symptômes de la dépression

Parmi les symptômes de la dépression, on peut distinguer trois grandes catégories, ceux qui affectent plutôt le psychique de la personne, ceux qui ont des incidences physiques (autrement nommée « somatiques »), et enfin ceux qui vont modifier la manière de se comporter, la capacité à agir (« symptômes psychomoteurs »).

« Je pleure tout le temps »

Les crises de pleurs de plus en plus régulières et impossibles à contrôler sont l’une des manifestations les plus visibles de l’état dépressif. L’ hypersensibilité ou labilité (instabilité) émotionnelle à des évènements anodins est l’un des principaux signes possibles de la dépression.

« Je n’ai plus goût à rien »

Un autre symptôme important de la dépression est la perte de la sensation de goût à la vie. Cette incapacité à ressentir du plaisir et des sentiments positifs dans des situations qui auparavant étaient toujours vécues de manière plaisante est ce qui caractérise ce que les psychiatres nomment « l’anhédonie » (qui signifie littéralement « incapacité au plaisir »).

« Tout est gris », « je ne ressens plus rien, ni joie, ni peine »

Il est possible aussi les émotions qu’elles soient positives ou négatives soient comme anesthésiées. Cette incapacité à ressentir des émotions et des sentiments est un autre des signes possibles de la dépression. On parlera d’« anesthésie affective ».

« C’est de ma faute »

Un autre phénomène caractéristique est celui qui mène à l’ auto-dévalorisation et à des auto-accusations de soi-même avec un sentiment de culpabilité.

« Je m’énerve pour rien »

D’autres patients vont se plaindre d’une irritabilité incompréhensible provoquée par des évènements anodins.

« Tout me fait souci »

Toute projection vers le futur et l’avenir est également source d’ angoisse et les meilleurs arguments du monde sont insuffisants pour rassurer la personne affectée par la maladie.

« Tout va mal et je suis un inutile »

Le trouble de l’humeur caractéristique de la dépression s’accompagne souvent par une dévalorisation systématique des capacités de la personne affectée et donc à un trouble du jugement qui mène infailliblement vers les mêmes conclusions et met la personne concernée dans l’incapacité de prendre du recul par rapport à la situation et de trouver des solutions positives.

« Je n’arrive plus à réfléchir », « j’oublie tout »

Les troubles de la concentration, les troubles de la mémoire ou un ralentissement de la pensée sont également possibles.

« Je suis sans énergie », « je me sens comme ralenti », « je ne sais plus ce que je veux »

Les psychiatres nomment « aboulie », ce manque de volonté, cette difficulté à prendre des décisions et à les réaliser. On peut assister également à un autre phénomène : un réel ralentissement psychomoteur.

« Je ne peux pas rester en place »

Le malade souffrant de dépression peut au contraire être victime d’une agitation difficile à justifier. Conséquence de l’anxiété dans laquelle il vit, il peut chercher à réagir pour palier son incertitude existentielle. Il lui devient impossible de se détendre et de trouver un peu de paix.

« Je tourne en rond dans mon lit jusqu’à 2 heures », « je dors tout le temps »

Les troubles du sommeil sont des phénomènes fréquents pendant les épisodes dépressifs. Il peut s’agir d’ insomnie ou tout simplement de difficultés à s’endormir, de réveils nocturnes ou très matinaux tous accompagnés d’une propension aux idées noires et aux ruminations. Lorsque l’on rumine, on ressasse les mêmes pensées qui peuvent être bien sûr au départ fondées sur des soucis réels, mais qui s’amplifient au fur et à mesure des heures et des nuits sans sommeil pour prendre une dimension insurmontable. Conséquence de ces insomnies, on peut éprouver le besoin de sieste dans l’après-midi ce qui va finir par aggraver les troubles du sommeil et perturber totalement les rythmes circadiens (jour = veille et nuit = sommeil). On dort beaucoup sans pour autant avoir l’impression d’arriver à récupérer. On appelle cela « l’hypersomnie ».

« J’ai perdu 10 kilos en 3 semaines » ; « J’ai beaucoup grossi ces derniers temps »

Les troubles des conduites alimentaires sont fréquents et parfois très sévères (la perte de poids peut être importante). L’appétit disparaît ou s’accroît et cela peut réellement survenir en 2 ou 3 semaines. Ce qui doit alerter : une prise ou une perte de poids importante dans un espace de temps bref.

« L’estomac me brûle » ; « j’ai des vertiges » ;…

La liste des autres troubles de forme somatique liés à la dépression ne peut pas être ici totalement exhaustive. On pourrait citer les troubles de la libido qui s’accompagnent ou non d’impuissance ou de frigidité augmentant à leur tour l’auto-dévalorisation ou le sentiment de culpabilité déjà très fort chez le malade dépressif. Souvent aussi, la douleur physique sous différentes formes et la maladie proprement somatique accompagnent la douleur psychique.

« Je n’arrive plus à communiquer »

Si tous les contacts avec autrui deviennent difficiles, il finit par se produire un phénomène d’évitement et d’isolement. Un autre des symptômes significatifs de la dépression est le repli sur soi. Il est à la fois symptôme et conséquence de la maladie.

« Je ne vais jamais m’en sortir »

Enfin, nous terminerons par le symptôme le plus alarmant et le signe d’un stade avancé de la maladie : l’apparition d’idées noires et morbides et leur ressassement permanent. Arriver à prévenir la présence d’idées et de conduites suicidaires est une priorité.

Les causes de la dépression

Mais pourquoi certaines personnes vont être affectées et pas d’autres ? Qu’est-ce qui rend plus vulnérable à la dépression ? Il n’est jamais simple de déterminer les causes exactes d’une maladie. Il existe tout un faisceau de causes ou vulnérabilités qui lorsqu’elles convergent peuvent mener à la maladie dépressive.

Les facteurs de vulnérabilité génétique dans la dépression

On sait depuis longtemps qu’il existe des familles où le risque de dépression est beaucoup plus élevé. Dans ces familles en général, plusieurs membres sont touchés par la maladie. Des études scientifiques relativement récentes ont validé cette constatation en montrant que certaines variations génétiques prédisposent à la dépression. C’est notamment le cas du gène du transporteur de la sérotonine. Mais attention ! La dépression n’est pas pour autant une maladie génétique. On peut simplement dire que certaines variations génétiques prédisposeraient à la maladie et rendraient donc ses membres plus vulnérables.

Les facteurs environnementaux dans la dépression

Il s’agit probablement des facteurs les plus importants dans la survenue d’une dépression. De nombreuses études ont mis en valeur le rôle des évènements stressants et traumatisants comme facteur déclenchant ou prédisposant à la dépression. Et récemment on est même allé plus loin en démontrant qu’ils avaient des répercussions visibles dans le cerveau. On commence en effet à être capable de mesurer l’impact sur les cellules du cerveau des évènements environnementaux.

Les évènements qui peuvent mener à la dépression chez l’homme sont nombreux. Ils peuvent être traumatiques comme des violences physiques, sexuelles ou psychologiques, notamment lorsqu’elles surviennent dans l’enfance. Cela peut être encore la perte précoce ou violente d’une personne chère, ou une séparation brutale. Ou bien, les évènements peuvent être simplement très stressants comme la perte de son emploi, puis une situation de chômage qui dure, ou des problèmes financiers qui s’amplifient, ou encore des problèmes judiciaires dont on ne voit pas d’issue favorable ou des conflits à la maison ou au travail. La liste des tels événements est infinie et bien évidement propre à chaque personne.

Les facteurs psychologiques ou liés à notre personnalité

Aux facteurs déjà cités vient s’ajouter un autre élément qui peut favoriser l’apparition d’une dépression : la manière dont chaque être voit le monde. Nous parlons ici de la façon d’être, de percevoir, de ressentir, en l’absence de dépression. À partir d’un événement donné, deux individus ne produiront pas les mêmes pensées et les mêmes sentiments, ne verront pas forcément les choses exactement de la même façon. Et personne ne s’en plaindra : cela permet par exemple que nous ne tombions pas tous amoureux de la même femme ou toutes amoureuses du même homme.

Certains d’entre nous seront donc plus fragiles par rapport à la dépression car leur manière de voir le monde les rend plus vulnérables. Ainsi, les anxieux, pessimistes, introvertis/timides, ou personnes manquant de confiance en soi ont plus de probabilité de souffrir de dépression à un certain moment de leur vie. Leur adaptation aux évènements stressants de l’existence pourra être altérée par leurs traits de personnalité.

Le kindling

On sait que les risques de rechute augmentent au fil des épisodes pour certaines maladies. Ceci signifie que des maladies comme la dépression si elles ne sont pas soignées (ou mal soignée), finissent pas survenir même en l’absence de stimuli extérieurs. Si ce qui a provoqué le premier épisode dépressif est souvent un évènement grave ou stressant. Mais plus les épisodes dépressifs vont être nombreux, plus la vulnérabilité à la maladie va être grande et les épisodes suivants vont se développer suite à des évènements de plus en plus insignifiants voire finalement presqu’en l’absence de tout événement extérieur. Ce phénomène est nommé par les spécialistes le phénomène du kindling (ou « embrasement »).

La dépression saisonnière

Enfin, il existe un certain type de dépression que l’on nomme la dépression saisonnière et qui met en évidence un autre facteur qui peut avoir un rôle déclencheur dans les maladies dépressives : la lumière et la luminosité ont une influence sur notre humeur et autant le manque de lumière peut induire à l’état dépressif, autant le soleil et une luminosité généreuse ont une action bénéfique voire thérapeutique (appliquée en luxothérapie ou luminothérapie) sur l’humeur.

S’il existe de nombreuses causes qui expliquent la survenue d’épisodes dépressifs, et si l’on ne peut rien contre certaines de ces causes (nul ne peut prévoir qu’il sera victime d’un accident grave, ou de harcèlement au travail…), il convient de remarquer que la prise en charge de la maladie dès les premiers signes est la manière la plus efficace d’intervenir afin d’éviter les rechutes et des phénomènes comme le « kindling ».

Les conséquences de la dépression

Lorsque la maladie apparaît et s’installe et que l’humeur négative envahit la vie, les conséquences peuvent être multiples. Elles sont parfois plus difficiles à porter que les symptômes eux-mêmes.

Il y a d’abord le regard de la société qui reste encore et toujours très négatif envers la maladie psychique et la maladie dépressive n’échappe pas à la règle. Alors qu’il ne viendrait à l’idée de personne de remettre en cause ni la souffrance ni le bien-fondé des plaintes du malade souffrant d’une affection somatique, on considère souvent que le dépressif est victime d’un laisser-aller qui proviendrait d’un manque de courage et de volonté. La personne qui souffre de dépression s’entendra souvent dire : « Un bon coup de pied…, et ça ira mieux ». Or ce n’est pas le cas, on ne sort pas de la dépression avec de bonnes intentions et des efforts de volonté. Cette maladie comme les autres, nécessite une vraie prise en charge thérapeutique et de telles remarques finissent par dégrader une image de soi déjà bien négative du fait de la maladie, et renforcer les difficultés à communiquer et le repli sur soi.

La maladie dépressive comme toutes les autres maladies lorsqu’elles deviennent chroniques et s’installent sur du long terme n’est pas sans conséquences sur la vie quotidienne et toutes les activités. Les études montrent que les performances professionnelles sont atteintes dans 44 %, ce qui se caractérise par des arrêts maladie, une baisse de la productivité et par l’existence de problèmes interpersonnels qui n’existaient pas auparavant. Il n’est pas rare que les personnes dépressives se retrouvent sans emploi au décours de leur maladie. Les problèmes financiers qui en découlent n’améliorent bien évidemment pas la symptomatologie de la maladie. Et parfois les liens familiaux se brisent. Les conséquences sociales sont donc loin d’êtres négligeables et à prendre en compte lors de la prise en charge de la maladie.

La prise voire l’abus de substances “tranquillisantes“ (alcool, tabac, cannabis, médicaments non prescrits comme les benzodiazépines,…) que l’on va prendre pour « calmer » la souffrance peuvent venir quelquefois aussi compléter le tableau des conséquences et compliquer le problème.

Les conséquences physiques peuvent être également lourdes : augmentation du risque cardio-vasculaire, surpoids, mésusage des substances psychoactives (surtout alcool et tabac). La morbidité globale augmente chez les personnes souffrant de dépression.

Soigner la dépression

Les thérapies

La dépression est une maladie complexe aux causes multiples et aux symptômes et conséquences nombreuses. Elles vont affecter la personne dans sa globalité. L’enjeu est de faire retrouver au patient souffrant de dépression un équilibre tant au niveau biologique que social ou psychologique. Plusieurs types de thérapies vont en conséquence être possibles voire même nécessaires et complémentaires.

Les thérapies biologiques

Les médicaments

La dépression est une maladie qui affecte notre cerveau. La transmission des sentiments, pensées, perceptions et émotions entre les cellules du cerveau (les neurones) se réalise par les molécules appelées neuromédiateurs. Ces messagers permettent aux neurones de communiquer entre eux. Parmi les messagers, il y a par exemple: la mélatonine, la noradrénaline, la sérotonine et la dopamine. Quand on est déprimé, ces messagers ne sont plus produits de manière habituelle. Il en résulte un manque de ces messagers dans la synapse (l’espace entre les cellules nerveuses). Pour remédier à ce problème, les pharmacologues ont trouvé plusieurs solutions qui vont avoir pour but d’augmenter les neuromédiateurs dans l’espace synaptique. Certains traitements vont agir pour faire en sorte que l’enzyme qui détruit les neurotransmetteurs soit bloqué. D’autres interviendront en bloquant la pompe de recapture des neurotransmetteurs.

Les mécanismes d’action des antidépresseurs sont donc basés sur ces 2 principes et il existera deux grands groupes d’antidépresseurs :

  • Le groupe des antidépresseurs qui a pour mécanisme d’action de bloquer l’enzyme qui dégrade les neuromédiateurs. Il s’agit des antidépresseurs IMAO (Inhibiteurs de la Monoamine Oxydase : la Monoamine Oxydase étant justement cette enzyme de dégradation des neuromédiateurs). Dans ce groupe, on va trouver la moclobémide par exemple.
  • Le groupe des antidépresseurs qui a pour mécanisme d’action de bloquer la pompe à recapture des neuromédiateurs. C’est le cas des antidépresseurs qu’on appelle ISRS : Inhibiteurs Sélectifs de la pompe de Recapture de la Sérotonine. Cette classe d’antidépresseur bloque la pompe de recapture de la sérotonine, qui est un des 3 neuromédiateurs évoqués ci-dessus.

Les antidépresseurs mettent un certain temps à agir. Il est primordial de respecter les délais si l’on veut éviter les rechutes et des phénomènes comme le kindling. Le délai pour noter les premiers effets se situe entre 1 et 3 semaines (l’action la plus rapide -1 semaine environ- a été montrée pour l’agomélatine). Ce délai est dû à la restauration progressive du taux de neuromédiateurs, et au fait que certains récepteurs vont progressivement autoriser cette action. Mais avant que l’humeur ne s’améliore, les autres symptômes peuvent s’atténuer.

Il faut ensuite compter encore 6-8 semaines pour pouvoir vraiment parler d’une rémission de la maladie (c’est-à-dire une disparition des symptômes, ce qui ne signifie pas guérison définitive).

Puis, il sera encore nécessaire de maintenir le traitement pendant 6 mois au moins pour éviter la survenue d’une rechute.

Les autres traitements biologiques

L’ECT ou ElectroConvulsivoThérapie ou sismothérapie ou traitement par électrochocs

Un traitement par ETC est un traitement qui donne d’excellents résultats, en particulier pour les dépressions résistantes. Il consiste à délivrer un petit courant de faible intensité entre les deux tempes afin de provoquer artificiellement, sous anesthésie et en milieu hospitalier, une crise d’épilepsie. Le seul effet secondaire possible est un éventuel trouble de la mémoire au réveil.

La stimulation magnétique transcranienne ou rTMS (repetitive Transcranial Magnetic Stimulation)

C’est un mode de traitement encore relativement récent et peu développé qui utilise une technique parfaitement indolore pour le patient. Elle consiste en l’application d’un champ magnétique à travers le crâne pour stimuler ou inhiber des cellules. Cette stimulation est dite « répétitive » car dans son utilisation courante, son action stimulatrice ou inhibitrice est due à la répétition de cette émission de champs magnétiques sur certaines régions du cerveau choisies en fonction de ce que l’on recherche, et à la fréquence de ces ondes (certaines fréquences stimulent et d’autres vont inhiber).

La luxthérapie ou luminothérapie ou photothérapie

Cette même technique que l’on retrouve sous diverses appellations utilise la lumière d’une fréquence spécifique qui va rappeler celle du soleil. Elle est utilisée comme thérapie, en particulier pour les dépressions saisonnières. Elle consistera en une exposition quotidienne du patient (le matin en général, car c’est là que la journée commence) à une lumière de 5 000 à 10 000 lux d’intensité pendant une trentaine de minutes avec une efficacité reconnue et confirmée par les études scientifiques à ce sujet.

Les benzodiazépines, tranquillisants, somnifères, neuroleptiques et antipsychotiques :

Le recours à ce type de médicament (dans le cadre d’une prescription faite par un médecin) peut être nécessaire pour aider à venir à bout de dépressions résistantes.

Vitamine D, phytothérapie et autres techniques « douces ».

Pour ce type de médicaments, il est conseillé de rester prudents et d’éviter leur usage sans prescription médicale préalable.

La sociothérapie

La dépression a de nombreuses conséquences au niveau relationnel, mais aussi des activités en général, de l’hygiène de vie, et des repères sociaux. Si la maladie interfère dans les interactions de la personne souffrante, il est important qu’elle réapprenne à se confronter à la réalité et au regard de l’autre. La sociothérapie va donc regrouper un ensemble d’activités de groupe ou plus individuelles proposées aux personnes souffrant de dépression en fonction de leurs demandes et besoins. Elles vont leur permettre par leur action de restaurer ou d’améliorer le rapport aux autres individus, de se réinvestir dans une activité, de retrouver le goût du travail (la reprise et la sauvegarde de l’activité professionnelle sont des objectifs thérapeutiques très importants) et tout simplement de retrouver un rythme et des conditions de vie adaptés à la société dans laquelle elles vivent. On comprendra donc que cette prise en charge socio-thérapeuthique sera l’affaire de toute une équipe, les médecins aussi bien que les infirmières et infirmiers, les assistants sociaux, les psychologues ou les ergothérapeutes.

Les psychothérapies

Maladie biologique, maladie sociale, la dépression est bien sûr en premier lieu une maladie de l’humeur et de l’âme. La psychothérapie est le terme générique pour désigner les différentes techniques de soins -fondées sur des approches scientifiques- qui permettent l’accompagnement des personnes -en difficulté ou en détresse psychiques- qui recherchent des conseils, de l’aide et des soins. Aujourd’hui, il existe de nombreuses techniques psychothérapiques, mieux évaluées et plus efficaces que celles qui ont pu exister à d’autres époques. Parmi celles-ci, la thérapie interpersonnelle et les thérapies cognitives et comportementales, la thérapie brève, les thérapies basées sur la pleine conscience, la psychoéducation ont pu démontrer des efficacités comparables à certains antidépresseurs, et associées avec ces derniers, leur efficacité est encore supérieure suivant les mêmes études.

La psychoéducation ou l’éducation thérapeutique.

Elle appartient au groupe des psychothérapies. Ce site ainsi que tous les outils et ouvrages sur les maladies mentales que nous nous proposons de développer s’inscrivent dans un esprit de psychoéducation. La psychoéducation a pour but de former les patients et leur entourage afin de les rendre capables d’être actifs dans le processus de guérison. Pour cela, il est primordial d’arriver à lui transmettre (à lui et à son entourage) toutes les informations nécessaires à une bonne connaissance de la maladie. Il s’agit de comprendre pour adopter les bons comportements face à cette dernière. L’éducation thérapeutique peut se faire donc au travers de n’importe quel support de transmission de l’information et nous espérons arriver à trouver les bons supports et canaux pour arriver à être accessibles à tous.

Les personnes, les structures

Votre médecin

Lorsque l’on sent que la situation commence à nous échapper, il ne faut pas hésiter à agir. Une des premières bonnes décisions est de commencer par aller consulter. Mon médecin traitant est le médecin qui me connaît le mieux. Il saura prendre la mesure de la situation et débuter la prise en charge. Il pourra aussi m’orienter s’il le juge nécessaire vers un spécialiste psychiatre.

Les spécialistes, les Centres Médico Psychologiques (CMP)

Il se peut que je décide de chercher le spychiatre qui me convient. Il n’est pas simple de trouver soi-même un spécialiste. Les CMP peuvent dans un premier temps répondre à mes attentes. Ce sont des établissements publics en général, pluridisciplinaires (psychiatres, psychologues, infirmières, assistants sociaux…) qui offrent une prise en charge des soins médico-psychologiques sans frais pour les patients. Les adresses des Centres Médico Psychologiques se trouvent soit dans les pages jaunes, soit sur le site d’Internet de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de votre Région, soit sur le site de la Caisse d’Assurance Maladie : www.ameli-direct.ameli.fr. Ce site donne toutes les adresses et coordonnées des professionnels de santé et établissements de soins de toutes les régions de France, ainsi que leurs tarifs et mode de conventionnement et bases de remboursement et actes pratiqués…

Les associations

Demander des avis et des conseils à des personnes qui ont vécu les mêmes problèmes que nous, cela peut toujours être utile. On a des expériences, des ressentis et des besoins partagés et on a plus de chances de trouver une oreille attentive ou des informations plus précises sur les démarches à suivre et les écueils à éviter. Cela permet de partager et d’aller de l’avant ensemble. France-Dépression est l’une des associations auprès de qui l’on peut trouver de l’aide. Elle a été créée par un groupe de patients réunis autour de médecins. L’Unafam est une autre de ces associations d’aide aux malades. Elle a les mêmes objectifs d’accueil, de soutien, et d’information auprès des malades et des familles confrontées aux troubles psychiques. Elle intervient donc auprès d’un public plus large que celui concerné par la maladie dépressive.

Mon entourage

Enfin, face à la maladie, il est important de ne jamais rester seul. Ce n’est pas simple d’autant plus que la maladie isole et que l’on a tendance à rechercher cet isolement. Notre entourage va être un allié de poids dans cette lutte contre la maladie et l’isolement. Il est le « contact avec autrui » dont nous avons tellement besoin pour nous maintenir dans la réalité. Il peut nous mettre en garde quand la maladie prend le dessus et que les symptômes réapparaissent de manière insidieuse. Il peut intervenir dans les situations de danger. Il peut simplement nous apporter l’appui, le confort et l’affection dont nous avons besoin. Il est important d’apprendre à choisir les personnes les plus proches, et sur qui l’on sait qu’on peut s’appuyer pour les moments difficiles.

Devenir co-thérapeuthe

À l’heure actuelle, de gros progrès ont été faits et il existe des traitements de plus en plus performants contre la dépression. De nombreux spécialistes et personnes ressources peuvent intervenir également dans la prise en charge thérapeutique de notre maladie. Mais le premier acteur de cette guérison est le malade lui-même. La maladie affaiblit et handicape, mais quelques mesures simples et une manière différente de vivre sa maladie peuvent améliorer la prise en charge et faciliter le travail des soignants. Il s’agit par exemple d’accepter que l’on est malade et de prendre conscience de son trouble. Cela peut consister également à chercher à s’informer sur sa maladie afin d’apprendre à en reconnaître les symptômes. Cela peut se traduire aussi par une meilleure compréhension de comment fonctionne son traitement, à quoi il sert exactement et pourquoi il est fondamental de le suivre jusqu’au bout. Cela signifie encore d’apprendre à mettre en place des stratégies pour préserver un équilibre, une hygiène de vie, des activités et des relations. Bref, savoir et agir pour guérir. Car « guérir » doit rester mon objectif et ma motivation.

Nul ne peut prédire les résultats de toutes ses actions, mais si j’arrive à développer ces capacités en collaboration avec les soignants, dans un vrai « travail d’équipe », je peux au moins être sûr que j’aurai mis des atouts de mon côté pour m’en sortir et je gagnerai de toute façon une meilleure qualité de vie.

Plan d’intervention de crise

Nous l’avons dit, il est impossible de prédire l’avenir et il se peut que malgré tous mes efforts, la maladie progresse. Alors toujours, dans la même perspective de devenir (et de rester coûte que coûte) actif dans le processus qui doit me mener vers la guérison, je vais anticiper aussi ce type de situation et prendre les décisions qui m’importent pour ces moment-là. Dans mon « plan d’intervention d’urgence », je vais prévoir et décider qui va prendre le relais si mon état ne me le permet plus. Mes proches (ceux qui sont concernés et ont accepté de m’aider en cas de crise) doivent connaître l’existence de ce plan, et il doit rester toujours accessible dans un lieu connu de tous.

Modèle de plan de crise

Image du plan de crise

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